Un peu d'Histoire


HISTOIRE DE BRIDOIRE

1167 – 1978 : Vie d’un château fort

Situé à 12 km au sud de Bergerac, sur la commune de Ribagnac canton de Sigoules dans une campagne verdoyante, à deux pas des vignobles réputés de Monbazillac, le château de Bridoire est bâti sur un éperon rocheux affleurant le coteau sud du vallon de la Gardonnette. Le domaine couvre 40 hectares.

C'est peut-être le 31 décembre 1167 que Bertrand de Bridoire et sa femme ont donné à l'abbaye de Cadouin le manse de Fonte Sergio en présence de Bernard, abbé de Condom et d'Isarn de Cervole.

Dix-sept ans plus tôt déjà Bridoire avait été mentionné dans le cartulaire de l'abbaye de Cadouin.

Nous en connaissons quelques jalons grâce au cartulaire de Cadouin qui mentionne, en 1215, Bernard de Bridoire et, en 1226, Arnaud et Foulques.

Dans la deuxième moitié du XIIIe siècle, Bridoire est devenu une coseigneurie entre les Maureilhac et les Aubeterre, sous la suzeraineté de Marguerite de Turenne. Sous les Rudel de Pons, Bridoire appartient aux Roquefort qui seront, au XVe siècle, associés aux Chaumont de Badefols, aux Ségur de Ponchapt et, à nouveau, aux Maureilhac. Les mariages successifs porteront Bridoire aux Pardaillan de la Mothe Gondrin puis à Louis de Chaumont, seigneur de Clermont.

Entre la guerre de Cent Ans et celles de Religion, les ruines furent relevées et le château agrandi. Vers 1560, Bridoire fut pris par les protestants mais Monluc le reprit en 1569/70 et, dans ses commentaires, conte longuement l'aventure.

Le 30 juillet 1576, Henri de Navarre qui s'est enfui de la cour, dîne à Bridoire chez son ami Blaise de Pardaillan, marquis de la Mothe Gondrin, avant de gagner Nérac. Si Henri de Navarre peut dîner à Bridoire, c'est que Montluc n'a pas autant ruiné le château qu'on l'a parfois prétendu.

En 1624 Louise de Pardaillan, fille de Blaise, épouse à Bridoire Louis de Chaumont, seigneur de Clermont de Beauregard. Après quelques années de paix, Bridoire est pris dans le tourbillon de la Fronde, et sur ordre du duc d'Epernon, le 15 septembre 1649, monsieur de Fresnoy, maire de Bergerac, s'empare du château et y établit une garnison.

Un siècle plus tard, le domaine de Bridoire est morcelé. Les terres appartiennent, pour une large part, aux Peyronny des Gendres, le reste, avec le château, est propriété des Boussant, marquis de Bazillac.

Le 23 juin 1773, Jean-Jacques de Boussant échangea Bridoire contre la seigneurerie de Bourg de Quercy qui appartenait aux deux frères Jean-Georges et François de Souillac. Ceux-ci possédaient déjà le château de Bardou non loin de Bridoire. Jean-Georges mourut le 16 avril 1792 à Toulouse, laissant quatre filles. La dernière, Joséphine, née en 1777, hérita de Bridoire qu'elle apporta par mariage, en 1806, au marquis Louis de Foucauld de Lardimalie.

Il semble que les Foucauld continuèrent à habiter le château de Malbernat à Creysse puis Campréal à Bergerac au moins jusqu'en 1865. La première naissance enregistrée à Bridoire est, en 1884, celle de Marie de Foucauld. Elle se mariera aussi à Bridoire le 8 mai 1907 avec Jacques de Vincens de Causans et leurs cinq filles y vivront jusqu'à leur mariage ou à la mort de leur grand-mère en 1938. Le marquis Arnaud de Foucauld de Lardimalie y mourut en 1932 après avoir été maire de Ribagnac pendant quarante-deux ans.

On a souvent prétendu que Bridoire était "le château du Père de Foucauld". C'est évidemment faux. Le père de Foucauld appartenait à une branche cadette des Foucauld de Pontbriand et ceux-ci étaient issus au XVéme siècle des Foucauld de Lardimalie. Malgré cette parenté très éloignée, des relations familiales s'étaient maintenues et le père de Foucauld est venu deux fois à Bridoire : le 6 mars 1911 pour une seule journée et du 26 au 30 juin 1913 pour quatre jours. C'est pendant ce séjour qu'il occupa la chambre qui ouvrait sur la tribune de la chapelle.

En 1939, Bridoire fut vendu à M. Lecher, un suisse, qui l'habita jusqu'à sa mort. En 1978 désirant retourner dans son pays natal il offre son château à la commune pour un franc symbolique de l'époque. Mais celle ci, effrayée par l'entretien et la gestion d'un tel patrimoine, refuse. C'est alors que le château est acheté en 1978 par une société civile immobilière agricole de droit sénégalais, la SCIA Roume Boufflers.

1978 – 1989 : Le martyre de Bridoire

De 1978 à 1982, la SCIA Roume Boufflers effectue des travaux sur les toitures, mais soudainement le château n'est plus occupé ni maintenu en état par son propriétaire. Il sombre rapidement dans l'oubli et l'indifférence générale, en subissant moult dommages, dont certains sont irrémédiables.

Bridoire a pourtant échappé aux ruines de la Révolution après celles de la Guerre de Cent Ans, des guerres de religion et de la Fronde. Il est le seul château médiéval encore debout dans le Bergeracois: ceux de Lanquais et de Monbazillac datent de la Renaissance (XVIème siècle).

De loin Bridoire a encore fière allure, mais on découvre vite la dégradation de certaines toitures, la plupart des fenêtres sans vitres, les portes forcées ou défoncées, les murs dévorés par une végétation envahissante.

A l'intérieur, pire encore : Le saccage et le pillage systématique des escaliers, parquets, cheminées, plafonds, ou encore statues, tapisseries, boiseries, meubles, livres, archives…On ne peut que rester confondu par un tel vandalisme.

Les structures du château sont encore saines, donc parfaitement réparables. Mais le patrimoine des aménagements intérieurs est perdu… Bridoire outragé, Bridoire martyrisé !

Le maire de Ribagnac réagit pour sauver ce patrimoine en créant l'Association Historique de Ribagnac pour la Sauvegarde du Château de Bridoire, en 1989. (suite : voir l'onglet "notre action")